L’alarme environnementale est sonnée. Il ne faudrait pas que par manque de sensibilisation et d’éducation nous mettions davantage en péril les territoires que nous fréquentons par amour de la nature.
Nous, êtres humains, faisons partie intégrante de la grande toile de la vie. La paix avec le reste du vivant et le minéral a été rompue dès lors que nous avons cru que nous pouvions accaparer plus que notre part des ressources de la Terre. Le concept de l’empreinte écologique est apparu dans les années ’90 (source : Wikipédia). L’empreinte écologique est une mesure de la pression qu’exercent les humains sur la nature. Aujourd’hui, nous savons que l’empreinte écologique mondiale a dépassé la capacité biologique de la Terre à produire nos ressources et à absorber nos déchets depuis le milieu des années ‘80. Cela signifie que l’on surconsomme déjà les réserves, en réalité en surexploitant les milieux.
Dans plusieurs sphères de notre société, on s’affaire à dénouer cette impasse en agissant au plan structurel ou politique. Par exemple, au Québec, la chercheure et activiste Lucie Sauvé contribue à la compréhension et à l’activation des dynamiques de mobilisation citoyenne en matière d’environnement et d’écodéveloppement.
Dans d’autres milieux, des gens comme Pierre Rahbi, en France, ou Jon Young, aux États-Unis, oeuvrent, au sein de plusieurs communautés, à la réanimation d’un rapport de proximité et de réciprocité avec le monde naturel et professent le pouvoir de transformation des humains à travers cette reconnexion.
L’activité humaine marque inévitablement le territoire dans lequel nous cohabitons avec le reste du vivant et le minéral. Plus près de nous, ces traces peuvent d’ailleurs être découvertes par les adeptes du plein air ou les touristes de nature. Par exemple, des randonneurs emprunteront des pistes qui ont été ouvertes par les premiers peuples. Des sentiers pour les sports motorisés suivront le parcours d’anciennes voies d’accès pour la coupe de bois. Des kayakistes profiteront de niveaux d’eau artificiellement haussés sous l’action de barrages.
Les empreintes indésirables dans les aires naturelles ne font peut-être pas partie du calcul de l’empreinte écologique, mais elles ne méritent pas moins que nous nous en préoccupions. Elles sont indistinctement la marque d’une cohabitation qui a échoué. Elles signalent durablement que des humains mal préparés sont passés par là. Prises individuellement, ces empreintes apparaissent parfois négligeables. Cumulées, elles exercent une pression indue sur les milieux naturels. Elles bouleversent les cycles naturels. Dans les cas les plus critiques, faisant tranquillement leur oeuvre, elles modifient les écosystèmes et viennent à en menacer la biodiversité.
Arbres ébranchés ou écorcés vivants pour l’allumage des feux de camp; latrines laissées à ciel ouvert en bordure des sentiers; repousse de végétation sacrifiée au passage des chiens vagabondant dans la forêt; berges piétinées le long des cours d’eau… Et si, telles des sentinelles, les empreintes laissées dans les aires naturelles nous alertaient du danger d’une conscience mal ajustée à notre responsabilité envers la nature?
À grande échelle, la tâche éducative semble colossale. À l’échelle individuelle, elle est davantage prometteuse, mais encore faut-il que nous nous y mettions sérieusement.
Depuis plus de trente ans, je me consacre à solutionner des enjeux sociaux et environnementaux en misant en grand partie sur la capacité des gens à opérer des changements dans leur façon de voir et d’agir. Avec la fréquentation de la nature qui revient en force dans la vie des citadins et des ruraux, le contexte est de plus en plus favorable à un travail de sensibilisation et d’éducation populaire. Mais il est également de plus en plus pressant.
« No longer can we assume the earth’s resources are limitless (…) »
Yvon Chouinard et Tom Frost. The 1972 Chouinard Catalog…
Danielle Landry
Danielle Landry a fondé De ville en forêt dans le but d’appuyer le développement du savoir-faire québécois en matière d’éducation des publics à la fréquentation responsable des aires naturelles. Consciente que les écosystèmes sont sous une pression qui est sans précédent, elle voit dans l’engouement pour le contact avec la nature l’occasion d’engager les gens à prendre soin de leurs espaces de jeu et d’aventure.
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